“C'est vrai qu'il y a chez les Danois des « ingrédients » très précieux pour construire cette base de bien-être. D'abord, ils vivent dans une société de concorde : entre eux, les citoyens se font confiance à 78%. Ensuite, ils ont un système scolaire qui donne la priorité au développement de la personnalité et du potentiel de chaque enfant. Au Danemark, l'important, c'est que chacun trouve sa place dans la société: il n'y a pas d'élites qui brillent et qui servent de référence pour le reste de la population. La mobilité sociale est une réalité, comme la liberté de pouvoir choisir sa propre vie. Les Danois se sentent individuellement responsables de leur vie, et aussi responsables du projet commun” (p13) Cette importance accordée au développement de la personnalité se retrouve dans deux concepts d'éducation tout à fait propres au Danemark, sans réels équivalents à l'étranger : l'« Efterskole » et l'« Hojskole ». De quoi s'agit-il ? Avant d'entrer au lycée, les jeunes Danois entre 14 et 18 ans ont la possibilité d'effectuer une année en « Efters-kole », une sorte de « post-école ». C'est une année de maturation mise à profit pour développer des talents dans d'autres domaines que les matières scolaires classiques. L'« Efterskole » aide les élèves à trouver une place dans la société même s'ils n'excellent pas dans le cadre purement scolaire. Elle valorise la créativité, le sport, le travail manuel, les activités de groupe, dans une ambiance de solidarité et de liberté. Après un passage en « Efterskole », de nombreux élèves trouvent leur voie et ont acquis la confiance nécessaire à leur réalisation personnelle, même s'ils ne continuent pas le lycée. Il existe plus de 150 « Efterskole » de ce type au Danemark. Presque 70 % des Danois quittent la maison parentale à 18 ans afin de vivre leur vie selon leur style propre - il y a donc très peu de pression sociale de la part des parents. (p59) La famille et les loisirs en général ont une grande importance chez les Danois. Le dîner est servi vers 18 heures et toute la famille dîne ensemble, contrairement à d'autres cultures où les enfants mangent d'abord et les parents plus tard, ou chacun de son côté. Un de mes mots préférés en danois est « hygge ». Les Danois adorent aussi se réunir dans des associations. La légende veut que si trois Danois se trouvent dans une même pièce, ils créent une association. Même si ce n'est peut-être pas tout à fait vrai, les Danois ont quand même réussi à fonder plus de 100 000 associations de volontariat et organisations de tous genres, et estime que la valeur du secteur de bénévolat est de 135 milliards de couronnes par an, à peu près 10% du BNP danois. Le Danemark est d'ailleurs le pays européen qui consacre le plus de temps au bénévolat, Le Danemark a un système favorable à la construction individuelle d'une bonne base, faisant que chacun trouve sa place et se sente libre et confiant dans la vie. Le système danois est un socle solide. Parce qu'il repose sur la confiance, l'égalité, un certain réalisme, un sens du vivre ensemble et de la solidarité, il invite chacun à trouver librement la place qui lui ressemble. Voilà déjà un début très précieux pour aller vers « le bonheur », ou disons plutôt, encore une fois, vers le bien-être. (p167)